VIDÉO La sensibilisation au /y/: utiliser le corps et l’imagination

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Le travail sur la prononciation du son /y/ est un grand classique des cours de FLE, si bien qu’avec les années, j’ai accumulé les petits trucs, jeux, activités et chansons pour le travailler sous toutes les coutures. Tous ou presque ont un point commun: appréhender les sons comme une matière, à travers les sens, le corps et l’imagination.

Aujourd’hui, j’ai donné un atelier de prononciation à travers le rythme et la chanson à l’École officielle de Badalona (Catalogne) et par chance, ma collègue Catherine a intercepté quelques secondes de l’une de ces activités.

Ce moment arrive après :

  • un jeu d’écoute active du /y/ sur la chanson «Mélissa» de Julien Clerc
  • un petit travail musical pour repérer «son propre /y/» corporellement et se l’approprier. (J’y reviendrai dans d’autres posts)

Maintenant que chaque étudiant a exploré ce son individuellement, nous le mettons à l’épreuve de l’écoute des autres pour voir s’il est efficace. «Précis», plutôt «agressif», le son /y/ devient une flèche que l’on envoie à qui l’on veut, mais attention, il faut qu’il atteigne son objectif. Tout d’abord, même sur un échange  aussi basique et réduit que celui-ci, les étudiants se rendent compte d’eux-mêmes que s’il n’y a pas de contact visuel clair, il n’y a pas de communication. Ensuite, je poursuis l’image de la flèche pour leur faire prendre conscience des qualités du son que chacun envoie, et rectifier le tir (c’est le cas de le dire!) si le son envoyé est trop éloigné du /y/.

Je m’explique avec quelques exemples:

  • Si le son tire vers le /tu/, la flèche tombe pathétiquement: tout le monde regarde au sol… Pour le prochain tir, j’incite l’étudiant à bien aligner son corps, notamment l’axe du dos et de la tête, à se grandir.
  • Si le son tire vers le /ti/, la flèche part en l’air: l’étudiant devra anticiper le prochain tir en se préparant psychologiquement… il est trop content, il doit se montrer plus déterminé (j’utilise des mimiques).
  • Si le participant produit /tiu/, la flèche fait une courbe pour retomber: il faut qu’elle trace un trajectoire rectiligne! Plus de conviction et de précision!
  • Si le participant produit un /tø/, il est trop mou pour un guerrier, pas convaincant… Il faut qu’il soit plus méchant et prépare son attaque!

L’analogie suffit souvent à aider l’étudiant à modifier certains paramètres du son qu’il produit pour arriver à ses fins. Je l’accompagne également en proposant des rectifications de posture corporelle, ou en utilisant les habituels procédés de la méthode de correction verbo-tonale, si besoin.

Le plus intéressant est d’observer à quel point les autres participants eux-mêmes réagissent aux «tirs de flèche» de leur camarade (rires bienveillants, gestes qui accompagnent la trajectoire de la «flèche», etc), démontrant qu’ils sentent de manière souvent fine les différences de propriétés des sons produits, et lui donnant un feed-back immédiat sur sa production, justifiant ainsi ma proposition de correction.

Bien évidemment, il ne s’agit là que d’une étape de sensibilisation, qui doit être renforcée jour après jour par d’autres activités et par de la langue contextualisée.

Bref, comme d’habitude, il n’y a pas de recette universelle, mais par la pratique, on affine nos solutions et on arrive à des résultats bien sympas, …et c’est gratifiant pour eux comme pour nous 🙂

atelier_fleche

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