Il y a quelques jours, une amie qui commence à travailler dans le FLE m’a appelée pour me demander quelques conseils sur la manière d’aborder les chansons en classe. Elle voulait un peu sortir du texte à trou et m’a demandé «comment je faisais», et j’ai été bien embarrassée! Impossible de résumer en quelques phrases au téléphone comment je m’y prenais…
Et pour cause… Tout d’abord, il y a deux versants : d’un côté, je travaille la prononciation en utilisant le rythme et la musique (sans forcément m’appuyer sur une chanson), et de l’autre, j’essaie d’exploiter les chansons d’une manière différente. Et puis bien souvent, je me retrouve à mélanger ces deux dimensions…
Alors, je me suis dit qu’il fallait vraiment que je me mette à publier de petites exploitations pratiques pour que ce qui me semblait tellement abstrait à expliquer au téléphone devienne plus concret et plus «utilisable». J’ai un tas de matière première en vrac, et je vais donc prendre une chanson que j’ai exploitée en classe la semaine dernière avec mes étudiants de première année (niveau B1, B2 pour certains) : «Comme ci, comme ça», de Zaz.
Cette chanson a un super support à exploiter : son clip, qui fonctionne comme un excellent complément aux paroles. Mais je ne vais pas m’attarder sur l’exploitation habituelle qu’on peut réaliser à partir de ces éléments : je vais me concentrer sur l’exploitation phonétique que l’on peut en faire en s’appuyant sur ses éléments rythmiques. Cette approche a pour avantage de donner du sens au travail phonétique, puisque celui-ci va accompagner le plaisir de chanter.
Je vous joins donc à ce post quelques propositions (non exhaustives, bien sûr):
- Travail sur la syllabation et sur l’assimilation régressive résultant de la chute du «e caduc» (le langage est barbare mais le phénomène est simple et très intuitif pour des francophones). Pour en faciliter la production, l’idée est d’insister sur le fait que deux syllabes deviennent une seule. La chanson aide à assimiler ce phénomène parce que son phrasé ne laisse pas d’espace pour autre chose. Attention, souvenez-vous que dans «j’poursuis» (2 syllabes»), le /ʒ/ devient /ʃ/.
- Travail sur PAPAPA : Utilisation du rythme de la chanson pour préparer une sorte de «moule rythmique» qui va en faciliter la prononciation. Je conseille de travailler d’abord sans mélodie, lentement, phrase rythmique par phrase rythmique, en se concentrant uniquement sur le paramètre «rythme», puis d’ajouter la mélodie, et finalement les paroles. Si vous voulez utiliser une base rythmique, pensez à aller voir du côté du jazz manouche ou swing (appui sur le 2e et le 4e temps). Vous pouvez aussi vous contenter de marquer le temps comme un métronome en tapant sur la table ou en claquant des doigts.
- Travail rapide sur la nasale /ɑ̃/ : pensez à la faire allonger dans un premier temps pour la stabiliser, et à bien couper tout petit «n» résiduel. Cette nasale est plutôt ventrale (penser à un coup de poing dans le ventre), sérieuse, grave, renfermée (conseils que je donne en général à mes étudiants hispanophones à travers des gestes).
Rythmique à travailler strophe :
Rythmique à travailler refrain :
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